Depuis la déclaration d’investiture de Nicolas Sarkozy chez Laurence Ferrari, je ne suis pas bien, profondément miné, totalement anéanti. Après cinq années passées sur scène à le critiquer, à moquer ses excès, ses travers, je réalise soudain à quel point je me suis trompé sur son compte.
Je dénonçais un être bling- bling, un président des élites, copains comme cochon avec ses potes du CAC 40 et c’est tout le contraire… aujourd’hui, j’en suis sûr, Nicolas Sarkozy est un être sincère, profondément humain, en osmose totale avec les problèmes et les souffrances de son peuple. Et maintenant, c’est tout une partie de moi-même, de mon métier, que je dois remettre en cause.
Bien entendu, je me suis tout de suite tourné vers Muriel, ma femme, ma muse. Depuis toujours, nous ressentons les mêmes choses, partageons les mêmes indignations, alors fatalement, Muriel, elle aussi, devrait être subjuguée par la métamorphose du Président. Peut-être n’osions-nous pas nous l’avouer et c’était à moi de faire le premier pas, de briser la glace.
«Dis donc chérie, tu ne trouves pas que l’entrée en campagne de Sarkozy a été très réussie. Cette simplicité, ce contact, cette façon d’aller vers les gens à pied, sans escorte, d’entrer chez un commerçant, de s’attarder à discuter avec une fromagère, un fabricant de pantoufles… C’est incroyable cette sincérité, cette volonté de vouloir aller vers nous, de redonner la parole au peuple…
– Ecoute, je pense qu’en introduction de ton spectacle, ça peut être une très bonne idée. Tu arrives et tu prends le public à contre-pied, tu es totalement subjugué, conquis par le nouveau Sarkozy, c’est très drôle…
– Il ne s’agit pas d’un sketch mon amour, je suis sérieux, j’ai trouvé le Président incroyable de vérité et d’authenticité.»
Muriel a mis plusieurs heures pour comprendre que je ne plaisantais pas. Elle ne croit pas du tout à la métamorphose du Président. Elle campe sur ses positions, cet antisarkozysme primaire insupportable. Evidemment, je me sens responsable, si je n’avais pas été aussi virulent durant toutes ces années, elle n’en serait pas là. Je devais l’aider, lui ouvrir les yeux…
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«Ecoute, reconnaît au moins un changement, dès le départ, ça crevait l’écran. Quand il est arrivé main dans la main avec Carla à TF1… y avait quelque chose de simple, de beau, ce Président qui vient remettre en jeu son mandat…
– C’est du marketing, de la com, c’est comme Jean Sarkozy qui arborait une Swatch à son poignet, le soir où il a annoncé qu’il renonçait à la présidence de l’Epad, c’est pipeau et compagnie…
– Tu es injuste ! Admet que son idée de sacrifice est belle, le fait qu’il n’a peut-être plus envie d’être président, mais qu’il le fait pour nous, pour ne pas nous laisser seul dans la tempête. C’est un vrai capitaine, un meneur d’hommes…
– Tu es complètement dingue, je ne te reconnais pas !
– Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas. Un président qui déclare « vouloir être le candidat du peuple contre les élites », je trouve cela formidable !
– Candidat du peuple ! Depuis cinq ans, plusieurs fois par mois, monsieur fait bloquer une partie du VIIIe arrondissement pour aller déguster un tartare de saumon à l’hôtel Bristol à 200 mètres de l’Elysée… c’est peuple ça ? Et son avion, Air Sarko One, à 180 millions d’euros avec un lit king size, un salon privé, une salle de bains… alors que Mme Merkel, elle, voyage en avion de ligne traditionnel… c’est peuple ? Et son fils, qu’il a fait rapatrier à nos frais d’Ukraine, il y a trois semaines, suite à des problèmes gastriques… coût pour le contribuable : 40 000 euros… c’est peuple… et sa suite au Majestic, au G20 de Cannes, en pleine crise grecque, la plus chère de la délégation : 37 000 euros la nuitée, c’est PEUPLE !
– Ça fait partie du standing d’un président, ils ont tous fait ça. Tu t’imagines quoi ? Que François Mitterrand logeait au Campanile?
– Faire semblant de se soucier du peuple à deux mois d’une élection, alors que depuis cinq ans, on n’a eu de cesse de pistonner ses amis patrons à des postes importants, ça porte un nom simple : la démagogie. Aujourd’hui encore, pour remercier Borloo d’avoir renoncé à la présidentielle, Sarkozy veut le parachuter à la tête de Veolia.
– Tu voulais qu’il le nomme où, à la direction de Pernod Ricard ?
– Au moins, il aurait testé les produits !
– En tout cas, le fait qu’il souhaite rendre la parole au peuple, nous consulter à l’aide de référendums, c’est une très belle idée. Ça prouve qu’il est capable de s’oublier, qu’il n’a pas d’ego, qu’il fait tout ça pour nous !
– Bien sûr, on pourrait imaginer chaque week-end une sorte de Star Ac gouvernementale. Sur le mode d’un « stop ou encore », le Président poserait aux Français des questions simples : « Etes-vous pour ou contre, le permis à point, la prière de rue, la peine de mort. » Ou pourrait aussi imaginer une sorte de loterie, un système de Loto, avec Carlita habillée en hôtesse qui ferait tourner les boules… les boules, ça la connaît, elle sait les manier !
– Tu es abjecte, tu ne respectes rien ! « Tu mens du matin au soir, tu n’aimes pas la France ! »»
Vous l’avez compris, à partir d’aujourd’hui, je ne peux plus travailler avec Muriel, elle est perdue. Elle ne veut pas ouvrir les yeux, reconnaître, qu’à mon instar, elle s’est trompée sur la personne du Président.
Je veux sauver Muriel, s’il y a une chance d’empêcher que Muriel s’abîme, une chance de la sauver, je ne me résoudrai jamais à ne pas la tenter. Aidez-moi à sauver Muriel. Vous êtes le peuple de France. Vive la République ! Vive la France !